“Plastic neutral” is the new “carbon neutral”
Alors que les négociations sur le futur traité sur la pollution plastique reprennent aujourd'hui même à Nairobi (INC3), une enquête menée par Break Free From Plastic et SourceMaterial vient lever le voile sur la “compensation plastique” l'une des fausses bonnes idées qui risquent de faire leur chemin dans ces négociations.
Résumé en quelques points :
Le principe des "crédits plastiques" est exactement le même que pour le CO2, il repose sur l'idée qu'une “compensation” est possible : vous émettez du plastique d'un côté, mais vous financez des actions de prévention ou de réparation de l'autre, peut être à l'autre bout du monde, pour "compenser".
Les acteurs sont en partie les mêmes : des organismes certificateurs comme Verra (déjà l'objet de multiples scandales ces derniers mois côté compensation carbone) qui se diversifient ; et des spécialistes comme "Plastic Credit Exchange" ou PCX, qui a déjà vendu des millions de dollars de crédit plastiques ces dernières années, aux Philippines notamment
Jusque là, rien de nouveau ? Le hic, et le scandale soulevé par cette enquête c'est que l'argent des crédits plastique vient certes financer des actions de "clean up" (nettoyage de plages…) mais aussi la co-incinération de plastique en cimenterie (photo)... autrement dit, ces crédits contribuent à perpétuer une économie purement linéaire, qui brûle du carburant fossile sous forme de plastique, au mépris de la santé des riverains des cimenteries.
Cela s'est-il fait à l'insu des marques acheteuses de crédits (Colgate, Nestlé, PepsiCo…) ? Que nenni : cette dérive illustre au contraire le cynisme de ces formes de compensation (en général volontaire) : les entreprises y souscrivent pour des raisons de communication, mais elles veulent ensuite y mettre le moins d'argent possible : les crédits vendus pour de la co-incinération coûtent 6 fois moins cher que les crédits destinés à financer des opérations de recyclage.
Verra et PCX (entre autres sans doute) mènent un lobbying actif dans le cadre de l'INC3 pour promouvoir les crédits plastiques.
(1) par rapport au niveau d'émissions de 1990
(2) La séquestration temporaire dans les sols ou la capture plus définitive de carbone sont utiles, mais n'annulent pas les émissions passées et présentes, qui ont des effets cumulatifs et durables sur le climat.